« Foujita et Michel Sima :
regards croisés dans l’intimité d’un atelier »
Au cœur du Paris artistique de l’après-guerre, deux figures marquantes de l’École de Paris se croisent et se lient : Foujita et Michel Sima, sculpteur devenu photographe, dont l’objectif savait capter l’âme des artistes.
Une rencontre dans les cercles de l’avant-garde
Michel Sima, de son vrai nom Michal Smajewski, est né le 20 mai 1912 à Slonim en Pologne (aujourd’hui en Biélorussie). Lorsqu’il arrive à Paris à la fin des années 1920, il s’imprègne rapidement de l’effervescence intellectuelle et artistique qui règne à Montparnasse. Il fréquente les cafés, les ateliers, et tisse des liens avec les artistes majeurs de l’époque : Picasso, Cocteau, Giacometti, Picabia, Desnos… et naturellement Foujita.
Les archives visuelles témoignent de cette relation : plusieurs portraits de Foujita réalisés par Sima dans les années 1950 nous sont parvenus, révélant une réelle complicité entre le photographe et son modèle. Loin de la pose figée, les images nous livrent un Foujita en lien direct avec ses œuvres dans l’intimité de la création.

L’art de capter l’invisible
Michel Sima n’était pas un photographe de commande. Son approche était intime, presque fraternelle. Dans son atelier, ou dans celui de ses amis, il saisissait non seulement les visages, mais aussi l’atmosphère d’un lieu, l’aura d’un moment.
Dans ses portraits de Foujita, Sima parvient à fixer cette tension douce entre rigueur japonaise et liberté parisienne. À travers l’objectif, il ne capture pas seulement un artiste, mais un être — sensible, méticuleux, profondément humain.

Une mémoire visuelle précieuse
L’une des traces les plus tangibles de cette relation figure dans l’ouvrage de Michel Sima, 21 visages d’artistes (1959), préfacé par Jean Cocteau. Foujita y apparaît parmi les figures majeures de l’art moderne. Ce choix témoigne d’une relation fondée sur le respect et l’amitié entre les deux artistes. Un dessin de Foujita illustre d’ailleurs les pages de garde de l’ouvrage.




Un dialogue silencieux
En contemplant ces portraits, on devine un échange silencieux entre deux artistes aux parcours singuliers, tous deux marqués par l’exil, la guerre, et l’amour de l’art. Il ne s’agit pas seulement de documentation, mais de véritables fragments d’histoire humaine et artistique.
De nombreuses photographies de Foujita réalisées par Sima restent aujourd’hui inconnues. Certaines seront dévoilées lors de la vente Michel Sima, Dans l’atelier des maîtres, chez Artcurial le 5 juin 2025 à 19h

